Intervention sur les événements du jeudi 29 et vendredi 30 juin 2023 que vous pouvez retrouver sur la chaine youtube de la mairie de Montargis ici :

https://www.youtube.com/live/3cfl0N6Pcag?feature=share&t=3098

Olivier Masson

Il faudra du temps. Pour reconstruire, rebâtir. Pour faire les démarches auprès des assurances. Il faudra du temps pour la justice : les enquêtes, le débat contradictoire.

Il faudra aussi du temps aux habitants pour comprendre ce qui s’est passé. Dans le film des événements, repérer des détails significatifs, faire le tri entre ce qui relève de démarches volontaires, calculées et ce qui relève de l’irrationnel, des peurs enfouies. Il ne s’agit pas d’excuser l’inexcusable, ni de relativiser.

On peut disserter à l’infini des responsabilités des uns et des autres sur le long terme. C’est facile de trouver des boucs émissaires : des éléments de la police pour les uns, certains parents pour les autres. Je veux limiter ici mon propos à ce qui concerne notre territoire et pas la dimension nationale, qui est partie intégrante des événements.

Que pouvons-nous faire ici, dans le territoire où nous vivons ?

J’ai reçu vendredi matin un appel d’une journaliste d’un média national. Elle avait retrouvé mes coordonnées à partir de la pétition sur les éducateurs Des éducatrices et de s éducateurs de rue dans l’Agglomération montargoise, c’est la loi !

Elle voulait rencontrer des éducateurs de rue. Je lui ai bien fait comprendre que cela faisait dix ans qu’il n’y avait plus de service de prévention spécialisée dans l’agglomération. Tous les interlocuteurs que je rencontre disent : oui, évidemment, il faut recréer un service de prévention spécialisée. Le Conseil citoyen de Montargis – quand il existait – s’était clairement positionné en faveur de son rétablissement. Mais les habitants n’y croient plus.

L’urgence Monsieur le Maire, c’est de vous entendre avec vos voisins : concrètement les maires de Chalette, Amilly et Villemandeur. La question des éducateurs serait un bon chantier pour oeuvrer à une politique en direction de la jeunesse. Il faut que les mairies et l’agglomération créent un cadre de coopération durable : les habitants des quartiers concernés, les associations qui y oeuvrent et d’autres acteurs (la mission locale, les collèges et les lycées). Le rôle des éducateurs de rue n’est pas celui des policiers ; leurs missions, leurs modes d’action sont très différents. Ils sont également nécessaires, à condition qu’on fasse appel à des professionnels diplômés.

Il est urgent aujourd’hui de fonder une politique qui s’adresse aux jeunes entre 14 et 25 ans à l’échelle de notre territoire. Les réseaux sociaux -ceux que pratiquent les jeunes comme leurs parents – sont au moins à cette échelle-là.

Je voudrais aussi dire mon inquiétude de réflexions entendues vendredi par des personnes venant faire leurs courses à Montargis et s’adressant à des victimes : il faudrait s’équiper d’un fusil et se défendre soi-même. Ce n’est certainement pas la solution. C’est ouvrir la porte à la barbarie.

Eline Leroy

Je ne vous parlerais pas de politique Nationale, je ne parlerais pas non plus de « à qui la faute », le diviser pour mieux règner m’insupporte. Il y a des discours que l’on entend trop souvent qui n’apporte rien sauf accentuer la douleurs des incompris et donner des arguments aux extrêmes politiques qui aiment jeter de l’huile sur le feu pour donner du sens à leur discourt.

Nous sommes tous des maillons de la République Française, ce qui s’est passé nous concerne tous, chacun d’entre nous, ce sont nos enfants qui étaient dans la rue.

La société dérape et ce n’est pas faute de le dire mais il semble que la situation est bien plus facile à vivre du côté des plus riches que du côté de la population qui peine de plus en plus à joindre les deux bouts.

Ce coup de folie bien orchestré contre la ville, est un désastre pour Montargis qui avait déjà bien du mal à garder une dynamique économique. Les commerçants et artisans impactés font preuve d’une grande résilience et de courage pour être toujours sur le pont et y croire encore. La Mairie, ses services, les pompiers et les partenaires de la ville font leur maximum pour que la vie reprenne.

Longtemps la ville va garder les stigmates de ces scènes d’apocalypse.

Au risque de m’attirer les foudres, je m’adresse à vous la jeunesse qui a inondé les rues de Montargis et d’ailleurs pour dévaster tout ce qui s’y trouvait.  Je peux comprendre votre colère, l’exaspération, le geste inconsidéré pour dire que l’on existe, je comprends ce sentiment qui vous inonde à force d’être oppressé par un avenir contraint, par une justice qui ne semble pas toujours juste, je comprends parce que la vie qui m’a été donnée de vivre m’a emmené au fond de moi dans des émotions semblables. L’échappatoire des réseaux et la vision de la violence au quotidien, qu’elle soit dans les médias ou dans la vie n’arrange rien à l’affaire. La violence devient admissible et semble sans conséquence.

Aujourd’hui-même, force est de constater, jeunes gens, que la violence mène au chaos et que ceux qui pourrons être démasqués vont répondre de leurs actes et certainement payer le prix fort pour l’exemple. Parmi vous certainement des meneurs, des suiveurs, des qui ont été là juste pour l’adrénaline… je pense et je l’espère que beaucoup d’entre vous avec ou sans la justice aurez pris la mesure de vos actes et auront pris conscience des dégâts causé par ce coup de colère. Le plus terrible pour vous, ne sera peut-être pas la justice, mais quand votre raison d’adulte viendra, vous reconnaitrez la peine de vos parents à vous accompagner dans la vie, à vous nourrir… et vous porterez ce fardeau toute votre vie.

Par chance pas de grands blessés parmi vos victimes ou vous-même, du moins pas à ma connaissance. Personne n’est venu se vanter s’il tel était le cas.

La mort de Nahel a été comme la goupille d’une grenade, l’allumette dans un feu prêt à prendre. Je comprends la douleur d’une mère et d’une famille de perdre son enfant. Je ne jugerais pas sans savoir, l’histoire de cet enfant ou d’un autre.

Mais ce que je sais et nous le savons tous, la violence, engendre de la violence, des blessés, des morts, la perte de sa maison, aussi de sa raison. La haine et la colère peuvent germer et prendre toute la place. Je comprends, mais rien ne justifie cette violence, rien.

Je garde espoirs en vous, la jeunesse, vous avez prouvé que vous étiez capable d’une grande force de rassemblement, malheureusement pour détruire une part de votre avenir et celui de vos familles.

Pour que le monde change, rassemblez-vous comme vous avez réussi à le faire et faites de cette colère une énergie positive pour construire un avenir meilleur, le vôtre, le nôtre.

Et si tel était le cas je me joindrais à vous.